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Une première Semaine de la recherche sociale au Centre affilié universitaire du CSSS-IUGS

Des chercheurs et praticiens discutent pour initier de meilleures pratiques

La Semaine de la recherche sociale a attiré quelque 300 participants en décembre.
La Semaine de la recherche sociale a attiré quelque 300 participants en décembre.
Photo : Michel Caron

8 janvier 2009

Robin Renaud

Partout dans le monde, la recherche sociale s'active pour améliorer la qualité de vie des populations de milieux défavorisés. Agriculteurs en milieu rural au Brésil, assistés sociaux de Montréal ou de Milan, résidants de HLM à Québec, des gens d'horizons divers ont été appelés à s'impliquer directement dans des recherches sur le terrain, auxquelles ont pris part des chercheurs de tous ordres.

Certains d'entre eux ont discuté de leurs pratiques à l'occasion de la Semaine de la recherche sociale qui était organisée au début décembre pour marquer le 10e anniversaire du Centre affilié universitaire du CSSS-IUGS, une composante du Campus du centre-ville. Par ces échanges, les participants – dont plusieurs étudiants et professeurs – ont pu mesurer l'impact des projets qui étaient présentés.

«Pour cette première semaine de la recherche, on peut parler d'un grand succès d'assistance avec quelque 300 personnes qui sont venues à l'une ou l'autre des activités», souligne Paul Morin, directeur de la recherche au Centre affilié universitaire du CSSS-IUGS. «L'événement vise aussi à confirmer le virage accentué vers la recherche sociale ces dernières années, c'est-à-dire de la recherche ancrée dans un CSSS – anciennement appelé CLSC. On cherche à mesurer comment la recherche influence la pratique, et vice-versa», ajoute celui qui est aussi professeur au Département de service social. Il signale que le CSSS-IUGS compte pas moins de 27 chercheurs réguliers de même que 15 praticiens qui agissent au sein des équipes de recherche auprès de la population desservie par l'organisme.

Au cœur des échanges

L'activité initiale de la Semaine de la recherche sociale mettait en scène une reconstitution théâtrale de la réalité vécue par des assistés sociaux et des intervenants en services sociaux qui sont appelés à agir auprès d'eux. Dans la salle, des chercheurs praticiens, certes, mais des bénéficiaires de l'aide sociale qui pouvaient infirmer ou valider les situations présentées.

«Ce théâtre forum a pu illustrer la spirale de l'appauvrissement pour certaines personnes bénéficiaires de l'aide sociale», explique Pierre-Luc Bossé, coordonnateur de la Semaine et responsable du chantier d'innovation sociale et pédagogique au CSSS-IUGS. «Par exemple, on y évoquait le rôle parfois très délicat des médecins qui sont appelés à déterminer pourquoi certains patients devraient recevoir davantage de prestations, et d'autres pas. Au cours des échanges, plusieurs ont pu se reconnaître. Ce genre d'activité permet de générer un savoir qui peut ensuite influencer les politiques sociales. Le but de la rencontre est de partir du mode recherche pour en faire un vecteur de changement», ajoute-t-il.

Plusieurs intervenants ont traité de l'importance de faire en sorte que la recherche prévoie une mise à jour constante et continue des projets afin de s'assurer que les projets collent à la réalité des populations concernées. Des intervenantes de la région de Québec – qui ont mené une recherche dans un HLM – ont souligné l'importance d'impliquer à la fois des travailleurs sociaux, des policiers, des résidants et des chercheurs dans le processus, pour éviter que tous ces gens ne travaillent en vase clos. Une telle démarche, ont-elles dit, a donné des résultats probants.

Un chercheur brésilien a quant a lui présenté un projet structurant pour une communauté agraire de sa région du nord-est du pays, en signalant la difficulté de changer les mentalités chez certains acteurs qui craignent perdre leur rôle de dirigeants dans les communautés.

«À travers ces exemples, on peut voir à quoi sert la recherche sociale concrètement, comment elle s'enracine dans la réalité concrète des intervenants sociaux, dit le professeur Morin. C'est particulièrement crucial puisqu'on est de plus en plus appelé à mener des interventions à domicile. La recherche tient un rôle qui est tout sauf banal et il faut adapter les pratiques pour les rendre adéquates face aux besoins des usagers.» Il conclut en soulignant le rôle de leader territorial que sont appelés à jouer les CSSS, afin de s'assurer de bien desservir des régions parfois vastes et dont les réalités peuvent varier d'un secteur à l'autre.

Le Centre affilié universitaire de Sherbrooke est l'un des six que compte le Québec, mais il est le seul à l'extérieur de Montréal et de la capitale. Il est ainsi le seul en région à regrouper des chercheurs en vue d'influencer la transformation des pratiques sociales pour améliorer la qualité de vie des gens qui bénéficient du soutien des CSSS.